En plusieurs décennies de combat, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a remporté une victoire majeure : l’immense majorité de l’opinion mondiale, y compris l’occidentale, estime que la paix au Proche-Orient passe par l’établissement d’un État palestinien indépendant dans les frontières d’avant la guerre de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale et une solution juste du problème des réfugiés fondée sur le principe du droit au retour et/ou à compensation. Et ce consensus plus large que jamais se traduit désormais au niveau des États : non seulement la Palestine a été accueillie comme membre à part entière à l’Unesco, mais son admission a été recommandée, au sein du Comité des Affaires sociales, humanitaires et culturelles de l’Assemblée générale des Nations unies, par 166 voix contre 5 !
La campagne BDS joue, dans ce cadre, un grand rôle. Elle offre en effet à tout un chacun un moyen de se faire entendre, en mettant fin concrètement à l’impunité avec laquelle le gouvernement israélien accélère la colonisation, harcèle et discrimine quotidiennement les Palestiniens – y compris ses propres citoyens – et sabote toute négociation. En boycottant les produits des colonies, en faisant pression sur les entreprises afin qu’elle se désinvestissent des Territoires occupés, en appelant les gouvernements et l’Union européenne à sanctionner Israël tant qu’il ne se pliera pas au droit international, l’opinion peut peser directement en faveur de la reconnaissance de la Palestine.
D’autres, en revanche, utilisent BDS pour faire avancer l’objectif de la destruction d’Israël. Ce faisant, ils desservent, la cause qu’ils prétendent défendre. Car les Français, comme la plupart des Européens, soutiennent à plus de 70 % la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël, pas à la place de celui-ci. Proposer, en contrebande, cette seconde perspective, c’est à coup sûr diviser le mouvement de solidarité et le conduire à une impasse. Norman Finkelstein a donc, je crois, raison de les critiquer.
Autre chose est, évidemment, de souligner combien l’intransigeance de l’actuel gouvernement israélien conduit Israël à une impasse à court, mais aussi moyen et long termes. Si l’offensive palestinienne en cours ne devait pas aboutir, ou si les Netanyahou, Lieberman et autres Barak ne tiraient pas les leçons de leur isolement sans précédent, ils contraindraient les Palestiniens à revoir leur stratégie. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai coordonné, aux éditions Sindbad/Actes Sud un livre collectif intitulé "Palestine-Israël : un État, deux États ?" Pour éclairer, de manière pluraliste et compétente, les enjeux de cette réflexion